Toutes les langues
européennes sont d’origine indo-européenne. Le français, l’italien, l’espagnol,
… sont des langues latines ; l’allemand et l’anglais sont des langues
germaniques, raison pour laquelle beaucoup de mots anglais dérivent de
l’allemand. Dog en est un exemple
frappant.
Molosse
Nous en avons déjà parlé ailleurs. Un fait est, que la
FCI a bien fait de nommer le Groupe 2, Section 2 « molossoïdes » et
non « molosses ». En effet, le terme général de molossoïde signifie
« qui ressemble, qui a les caractéristiques d’un molosse »,
c’est-à-dire d’un chien qui a une tête large, un museau court et carré, un cou
massif, ainsi qu'une musculature et une mâchoire extrêmement puissantes.
Le terme
« molosse » est non seulement d’origine incertaine et disputée, mais
aussi fortement galvaudé. Il signifie dans le langage commun « grand
chien ». Or, souvenons-nous-en, les molossoïdes comportent aussi des
chiens de montagne au museau plus effilé.
Mâtin
Le mot
« mâtin » (en vieux français mastin)
est issu (vers 1119) d’un terme latin populaire mansuetinus, dérivé du mot latin mansuetus, signifiant « apprivoisé, doux, bienveillant,
dompté, docile ». Le mot ainsi que l’expression canem mastinum est passé en français pour décrire un grand chien
puissant, d’aspect débonnaire, employé à la garde du bétail, des maisons. Pourquoi
reste un mystère.
Mâtine, chienne,
« femelle du mâtin » (1573) et dès 1570 « femme de mauvaise
vie ».
Par un bizarre concours
de circonstances, dû essentiellement à l’évolution du langage populaire, le mot
« mâtiner » revêt (1175) la signification de « maltraiter,
traiter de chien, réprimander » et plus tard (1561), « couvrir la
femelle » et un développement figuré, celui de « abâtardir ».
Son participé passé, « mâtiné, matinée » (1858) sera appliqué à un
chien de race non pure et au figuré (1865 – 1866) « mêlé, hybride ».
Les Anglais reprendront
le terme vieux français mastin et en
feront mastiff, ayant comme
signification première « race de chien de grande taille », sans plus.
Mastiff
La langue française a
repris à son compte le mot mastiff sans pour autant abandonner le mot mâtin. Ils
sont synonymes.
Selon une définition, le
terme est utilisé pour désigner certaines races de Molosses, d’origine très
anciennes, caractérisées par un physique robuste et massif, utilisées à la fois
pour garder la propriété et pour la défense. D'un point de vue systématique, le
mot n'indique pas une sous-section des chiens molosses ; ils apparaissent
aussi bien dans la sous-section « dogue » que dans celle des « chiens
de montagne ».
Le terme doit être
compris comme synonyme de « molossoïde ».
Dans le passé, en italien
comme dans d'autres langues (anglais, Mastiff),
le terme « mâtin » s’appliquait à une race particulière provenant
d'anciens molosses.
Les principales races de
Mâtins sont :
- le Mâtin tibétain,
archétype des races molossoïdes, descendant en ligne directe de la forme
première des molosses ; de type montagne ;
-le Mâtin napolitain
descendant du Molosse d’Épire, chien de défense, de guerre ; de type dogue ;
- le Mâtin anglais,
sélectionné en Grande-Bretagne au Moyen Âge, véritable poids lourd parmi les
dogues ; type dogue ;
- le Mâtin espagnol ;
type de montagne
Dogue
Dogue est emprunté (1392)
à l’anglais dogge et désigne initialement
un grand chien puissant ou une race particulière de chiens d’Angleterre et plus
tard « une race de chien de type molossoïde ».
Doguer, terme désuet,
était employé à propos des animaux qui se battent en se donnant des coups de
tête (Bulldog - Bouledogue).
Dog
Le mot proviendrait du
mot proto-germanique dukkǭ,
« puissance, force, muscle », devenu docga, « hound, race de chien puissante » en
Vieil anglais (lequel était le diminutif du mot Vieil anglais docce, signifiant « muscle »)
et qui deviendra en Moyen anglais dogge,
puis dog. Dog supplantera le mot hound
en Angleterre au XVIe s.
Hound
Hound est issu du mot proto-indo-européen ḱwṓ,
« chien », devenu ḱu̯n̥-tós, ḱwn̥tós en pre-germanique, hundaz en proto-germanique, hund en Vieil anglais et enfin honde en Moyen anglais avant de devenir hound.
Il en découle hond en flamand, Hund en allemand, hundr en norvégien, hund
en suédois, etc. signifiant « chien ».
La racine ḱwṓ se retrouve dans
le nom d’un chien appelé Kuvasz (race hongroise) et dans le mot en grec ancien kuon, « chien » d’où dérive le
mot latin canis, « chien ».
En résumé :
- le mot dogue vient de l’anglais dogge
et désigne un grand chien ;
- les Anglais reprennent
le vieux mot français mastin, qui ne
désigne pas précisément un grand chien, en font mastiff lequel pour une raison inconnue désigne soudainement une
race de chien de grande taille ; plus tard, la langue française donne à
son mot mâtin la même signification.
En conclusion : il
n’y a de prime abord aucune différence entre dogue, mastiff et mâtin.
Alors pourquoi :
- dit-on « de type
dogue » ?
- met-on le Dogue de Bordeaux et le Mâtin napolitain dans le groupe
« de type dogue » et le Mâtin espagnol et le Dogue du Tibet dans le
groupe « de type montagne » ?
Conclusion finale :
il n’y a aucune logique, ni dans l’appellation, ni dans la classification des
molossoïdes.
Un molossoïde de type
dogue est un grand chien de type grand chien et un molossoïde de type montagne
est un grand chien de type montagne ( ?). Trouvez-vous que le Mâtin
espagnol ressemble à un Aïdi ?
Il doit pourtant y avoir
une raison valable pour laquelle la FCI a classé les molossoïdes en deux
sections distinctes. Je n’en vois qu’une. Le dictionnaire allemand Duden dit
que le mot allemand dogge fait
référence à un grand chien … à poils unicolores,
courts ou lisses autrefois employé comme chien de garde, sans préciser
toutefois de quelle garde il s’agit : de bétail, de propriété, … ? Mastiff serait un chien de type dogge employé comme chien de protection des personnes
et des choses.
Tous les molossoïdes de
type montagne ont par ailleurs des poils longs, parfois multicolores et étaient
autrefois employés pour la garde de troupeaux en montagne. Mais bon nombre de
molossoïdes de type dogue avaient la même tâche !
Serait-ce donc là l’explication ? Probablement, sans que celle-ci
explique la confusion dans les appellations croisées.
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