L'évolution
dépend de divers processus qui tendent à modifier la fréquence des allèles au
sein de populations. L'espèce qui survit est l'espèce la mieux adaptée, pendant
une certaine durée, à son environnement. Par ailleurs, il ne faut surtout pas
voir l'évolution d'un point de vue généalogique, mais phylogénétique, en effet
les espèces ne descendent pas les unes des autres. Des phénomènes comme la
dérive génétique font que deux populations d'une même espèce isolées pendant
une très longue période de temps peuvent se séparer. L'évolution résulte de
l'action de plusieurs mécanismes évolutifs susceptibles de modifier la
fréquence des génotypes dans une population, et par conséquent de modifier des
caractères morphologiques, physiologiques ou comportementaux.
Le
processus est dans tous les cas identique, dans le même ordre :
-
Apparition d'un nouveau caractère héréditaire chez un ou quelques individus.
-
Ce nouveau caractère se répand dans les populations, soit parce qu'il est plus
adapté à l'environnement, soit à cause d'un effet de hasard (dérive génétique).
À
chaque génération, de nouvelles variantes génétiques apparaissent qui peuvent
eux-mêmes transmettre leur patrimoine génétique au moment de la reproduction.
Ces sources de diversité génétique sont :
-
les mutations ponctuelles viables dans la séquence d'ADN des gènes ;
-
les réarrangements chromosomiques ;
-
les recombinaisons ou brassages génétiques qui se produisent lors de la
reproduction sexuée.
On
peut ajouter à cette liste une autre source de diversité génétique que sont les
migrations par lesquelles le stock génétique dans une population donnée se voit
renouvelé par l'arrivée d'autres membres de l'espèce porteurs d'un pool
génétique différent. Les chiens, comme tous les êtres vivants possèdent de
l'ADN. L'étude de l'ADN d'une population et sa comparaison avec l'ADN d'autres
populations sont la base de la génétique des populations. Le chien possède
d'une part 39 paires de chromosomes dont 38 dits homologues (ou autosomes) et
une paire de deux chromosomes dits sexuels (ou gonosomes, XX ou XY), et d'autre
part de l'ADN dit « mitochondrial » (ADN-mt ou mt-DNA en anglais) qui n'est pas
à proprement parler un chromosome. Cet ADN-mt se transmet intégralement de la
mère aux enfants. En revanche, seuls les mâles possèdent le chromosome sexuel
appelé Y (ADN-Y ou Y-DNA en anglais) qui se transmet donc intégralement du père
aux fils.
L’ADN
peut parfois muter, c'est-à-dire qu'un des éléments de base qui le constituent
se transforme lors de la recopie de cet ADN. Le résultat de cette mutation
s'appelle polymorphisme nucléotidique simple (SNP en anglais). Selon certains
auteurs, cette mutation arrive très approximativement une fois toutes les x
générations pour l'ADN-Y et pour l'ADN-mt (il n'y a pas de consensus à ce
sujet).
Les
mutations de l'ADN-Y et de l'ADN-mt sont utilisées pour caractériser des groupes
de populations. Par ailleurs, ces deux ADN sont réputés peu sujets à la
sélection naturelle et donc adaptés au suivi de l'évolution des populations.
Tous les chiens vivants appartiennent à une même lignée patriarcale et à une
même lignée matriarcale. Ils ont un chromosome paternel appelé Y-MRCA (Most
Recent Common Ancestor) et un mt-MRCA ou chromosome mitochondrial. Ils ont
chacun un locus unique du point de vue de la génétique car ils ne recombinent
pas.
Le
chromosome paternel Y est transmis à ses descendants mâles. Si certains de ces
chromosomes des descendants ont subi une mutation, celle-ci définit une
nouvelle branche à laquelle on peut associer un nouvel ancêtre commun. Si ce
chromosome paternel d'un des descendants de cette branche subit une nouvelle
mutation, cela crée une nouvelle sous-branche et ainsi de suite. On peut ainsi
définir un « arbre de la filiation paternelle » et de la même façon avec le
mt-ADN un « arbre de la filiation maternelle ».
La cynologie
L'étude
des chiens et des races de chiens est appelée cynologie. Elle regroupe les
approches, les techniques, les philosophies et les divers outils utilisés pour
l’éducation canine et le bon comportement des chiens ainsi que leur sélection
biologique.
On
distingue quatre grandes catégories de chiens selon leur morphologie :
-
Les braccoïdes (chiens de « type braque ») possèdent un museau long carré et
des oreilles tombantes. Ce type morphologique inclut principalement les chiens
de chasse autre que les lévriers. Il s'agit essentiellement de chien courants
ou de recherche au sang tel le Chien de Saint-Hubert, de chiens d'arrêts tel
l'Épagneul breton ou encore les chiens rapporteur de gibier tel le Labrador.
-
Les graïoïdes (chiens de « type lévrier ») ont une longue tête dolichocéphale,
un corps fin et une poitrine descendue et un volume très faible de tissu
adipeux. Son corps a des proportions similaires à celui du guépard. Cette
morphologie est particulièrement adaptée à la course à vitesse importante et à la
chasse de proies rapides. Ce type morphologique inclut les lévriers classiques
comme le Greyhound, le Whippet ou le Saluki et les lévriers primitifs tels le
chien du Pharaon.
-
Les lupoïdes (chiens « ressemblant morphologiquement au loup ») ont une tête «
pyramidale » et des oreilles généralement droites à l'image de leur ancêtre
sauvage duquel les proportions se sont moins différenciées que pour les trois
catégories précédentes. Ce type morphologique inclut les chiens de berger, les
chiens de type spitz et nordiques mais aussi certains terriers. Les
exemples-types de chien lupoïde sont le Berger belge (Malinois, Groenendaal,
Tervueren et Laekenois), le Berger allemand, le Border collie ou l’Husky
sibérien.
Toutes
ces catégories et parmi elles tous les chiens, descendent du loup. Ayant en
mémoire ce que nous avons dit sur les lois et les aléas de la génétique, on
comprend comment, mais cela ne nous renseigne pas avec précision quel est
l’ancêtre de chacune de ces catégories, quel est l’arbre généalogique de chacun
et encore moins à quelle date ils se sont séparés.
La craniométrie
Les
scientifiques se sont basés sur la morphométrie et en particulier sur la
craniométrie des fossiles retrouvés. La craniométrie est une pratique relevant
de la biométrie et consacrée à l'étude des mensurations des os du crâne. Elle
se base sur l'hérédité des traits morphologiques qui se transmettent
génétiquement, de sorte qu'avant les travaux sur l'ADN, ou en l'absence d'ADN
dans le cas des fossiles, elle sert à définir les affinités entre individus ou
populations. On reconnaît chez les chiens trois grands types céphaliques :
-
dolichocéphale : tête étroite et allongée (type Doberman, Lévriers…), plus de
deux fois plus longue que large ;
-
mésocéphale : tête de longueur et largeur moyenne chez 75% des chiens (type
Labrador, Berger allemand) ;
-
brachycéphale : tête courte et proportionnellement large (type Pékinois, Boxer,
Bulldog).
Au
vu de ce qui précède, on pourrait croire que l’étude de l’ADN-mt ou l’étude
combinée du chromosome Y et de l’ADN-mt sera en mesure de nous donner un arbre
généalogique clair et précis de l’origine et de l’interconnectivité des
différentes races de chiens. Il n’en est rien. Les chiens se sont tellement
croisés, qu’il est impossible de dessiner un arbre généalogique simple comme
nous le connaissons. Les découvertes de la science et les techniques récentes
faisant appel à la biologie moléculaire vont nous permettre de remplir bien des
lacunes.
Phylogénèse
Nous
avons une assez bonne idée de l’origine du chien, qui remonte au loup, mais
nous n’avons pas de certitudes au-delà. La même chose est valable pour les
races. On croit savoir que telle race est reliée à telle autre et que toutes
deux descendent d’un ou de plusieurs ancêtres communs. Depuis Darwin, chacun
s’est essayé à dessiner un arbre généalogique du chien (classification
classique). La biologie moléculaire a permis de clarifier beaucoup d’inconnues
et de corriger de multiples erreurs.
La Classification classique
La
systématique, l'étude de la diversité biologique en vue de sa classification,
se concentre, à la lumière des découvertes récentes, sur une classification
phylogénétique remplaçant à présent la classification classique. La
classification classique établit des groupes ou taxons en fonction d'un simple
critère de ressemblance globale. Une classification phylogénétique suppose que
l'on regroupe les êtres vivants en fonction de leurs liens de parenté. Tout
groupe systématique (ou « taxon ») renferme donc des êtres vivants proches
entre eux génétiquement (ce qui n'est pas toujours corrélé à une ressemblance
phénotypique globale). Les liens de parenté entre deux membres d'un taxon sont
toujours plus étroits que les liens de parenté entre un membre quelconque du
groupe et un être vivant extérieur au groupe (il arrive que ce membre extérieur
soit pourtant très ressemblant en raison du phénomène de convergence évolutive,
il s'agit alors d'analogie entre les espèces, ce qui ne permet pas de les
classer). Pour reconstituer les liens de parenté entre êtres vivants, la
phylogénie procède selon deux techniques : la phénétique et la cladistique. Il
est donc vraiment important de saisir la différence entre analogue (caractère
qui se ressemble) et homologue (caractère semblable hérité d'un ancêtre commun
et dû à une évolution).
La Classification phylogénétique
La
classification phylogénétique est un système de classification des êtres
vivants qui a pour objectif de rendre compte des degrés de parenté entre les
espèces et qui permet donc de comprendre leur histoire évolutive (ou
phylogénie). Cette classification est principalement fondée sur les méthodes de
la cladistique, méthode établie en 1950 par Willi Hennig. Cette méthode
révolutionna ainsi toute la systématique à partir de la fin des années 1960.
L'analyse cladistique qui sert de base à l'établissement de cette
classification considère les caractères à toutes les échelles à valeur égale :
les caractères macroscopiques et microscopiques issus de l'anatomie comparée et
de l'embryologie, les caractères moléculaires issus de la biochimie et de la
biologie moléculaire, ainsi que les données apportées par la paléontologie. La
systématique moderne prend en compte tous les caractères héritables et même les
pertes secondaires de caractère, pertes secondaires que l'embryologie, par
exemple, peut mettre en lumière. Les caractères vont de ce qui est visible
(anatomie et morphologie, fondement de la classification traditionnelle)
jusqu'aux séquences d'ADN et d'ARN, en passant par les protéines et les données
de la paléontologie. Le séquençage de certaines parties du génome, comme le
génome mitochondrial ou l'ARN ribosomique a permis, dans les dernières années,
de faire des progrès importants dans la classification et de résoudre maints
problèmes.
La Cladistique
La
cladistique initiée par Willi Hennig hiérarchise les caractères comparés. Ne
sont en fait regroupés dans un même taxon que les êtres vivants qui partagent
des caractères homologues : lorsqu'une ressemblance entre deux taxons peut être
attribuée à une ascendance commune, on parle d'homologie. Les homologies sont
en fait vues comme des innovations évolutives partagées (synapomorphies) : si
un même caractère homologue est partagé par deux taxons c'est que les deux
taxons l'ont hérité de leur ancêtre commun. Ce caractère homologue est donc
apparu dans la lignée menant à cet ancêtre commun. Tout être vivant possédant
ce caractère homologue descend donc de cet ancêtre commun. Tout être vivant ne
possédant pas ce caractère homologue ne descend pas de cet ancêtre commun et
est donc éloigné génétiquement.
La
cladistique repose donc sur l'identification (souvent difficile) de l'homologie
des caractères. Elle est pertinente au niveau morphologique (et est donc le
seul moyen de classer les espèces fossiles dont l'ADN est rarement conservé)
comme au niveau moléculaire. Les résultats sont représentés dans un arbre
phylogénétique, dénommé cladogramme, dans lequel chaque nœud représente un
ancêtre commun et où les synapomorphies sont représentées sur les branches dont
la longueur est arbitraire. Chacune de ces branches est appelée un clade. Un
clade regroupe ainsi un ancêtre et l’ensemble de ses descendants, il représente
donc une totalité de descendance. Deux taxons sont d'autant plus apparentés
qu'ils partagent un ancêtre commun proche dans l'arbre. Ici aussi, donc, les
taxons se retrouvent regroupés en fonction de leurs liens de parenté.
Cladogramme
(arbre phylogénétique) d'un groupe non-défini d'êtres vivants. En bleu et en
rouge, des clades ou groupes monophylétiques comme pourraient l'être les
mammifères ou les oiseaux. En vert, un grade ou groupe paraphylétique (et non
un clade) comme le sont les poissons. Le groupe vert est incomplet puisqu'en
excluant le groupe bleu, il ne comprend pas un ancêtre et l'entièreté de ses
descendants.
La Phénétique
La
phénétique repose sur le postulat de base que le degré de ressemblance est
corrélé au degré de parenté. Elle suppose donc de quantifier la ressemblance
entre les êtres vivants à classer. Cette méthode se révèle peu pertinente
lorsqu'on l'applique aux caractères morphologiques en raison des analogies :
certaines ressemblances entre êtres vivants ou taxons ne peuvent en effet être
attribuées à une ascendance commune. On parle alors d'analogie. Le principe
utilisé pour expliquer ce phénomène est la convergence évolutive : deux taxons
différents vivant dans des niches écologiques semblables ou sur lesquels la
sélection naturelle a eu un impact semblable pourront avoir des caractères
analogues. Il est très difficile de quantifier numériquement des ressemblances
morphologiques.
En
revanche, la phénétique devient pertinente dès lors que l'on compare un très
grand nombre (au sens statistique) de caractères car le nombre de caractères
analogues devient négligeable parmi tous les caractères dont la ressemblance
est effectivement due à la parenté. Ainsi cette technique est très puissante
lorsqu'on l'applique au niveau moléculaire. Les systématiciens ont donc de plus
en plus recours à des méthodes moléculaires pour comparer les taxons et
reconstruire les phylogénies. Pour ce faire, ils comparent différents
constituants moléculaires du vivant comme l'ADN, l'ARN ou les protéines. En
effet, ADN, ARN et protéines sont des molécules polymères. Chaque résidu de la
molécule (nucléotide pour l'ADN et l'ARN ou acide aminé pour la protéine) peut
être considéré comme un caractère. Il est donc possible de comparer les
séquences chez plusieurs êtres vivants et de quantifier leur ressemblance par
un simple pourcentage que l'on assimile à la distance génétique entre les deux
taxons auxquels appartiennent les deux êtres vivants. Les résultats sont
représentés dans un arbre phylogénétique, dendrogramme que l'on pourrait nommer
phénogramme, où la longueur des branches dépend de la distance génétique et
représente donc le degré de parenté entre les taxons étudiés. Cette technique
se fonde sur le calcul d'un indice de similitude globale (ISG) qui est défini
après l'analyse de nombreux caractères (morphologiques, anatomiques,
moléculaires...). Toute analyse se fait à partir d'une seule espèce (exemple:
comparaison de séquences nucléotidiques spécifiques de plusieurs organismes par
rapport à un seul) et à partir de cette comparaison, on crée une matrice de
distance (tableau au nombre d'entrées égal au nombre d'organismes comparés comprenant
notre organisme de référence) puis on recherche les plus petites distances
(organismes les plus proches pour le critère étudié) afin de constituer un
arbre phylogénétique.
Utilisation conjointe de la phénétique et de la cladistique
Pendant
longtemps des discussions parfois violentes ont opposé tenants de l'une ou de
l'autre technique. Aujourd'hui la phénétique et la cladistique sont souvent
utilisées conjointement comme étant deux méthodes indépendantes. Lorsque leurs
résultats sont convergents, on obtient des phylogénies très solides.
L'utilisation
conjointe de ces deux méthodes a révélé l'existence dans la classification
classique de nombreux groupes non fondés sur les liens de parenté et qui sont
donc considérés comme non légitimes et ne doivent plus être utilisés en
taxonomie. L'utilisation de la phénétique moléculaire et de la cladistique
ainsi que la confrontation des arbres obtenus a été largement permise par les
méthodes modernes que sont l'amplification par PCR (réaction en chaîne par
polymérase) et le séquençage (détermination de l'ordre linéaire des composants
d'une macromolécule), alliées à de puissants outils de calcul qui permettent
d'automatiser ces méthodes.
Un
exemple de changements dans l'arbre phylogénétique dus à l'utilisation de ces techniques
dans le groupe des reptiles : étaient regroupés au sein de celui-ci les
crocodiliens (en fait génétiquement proches des oiseaux) et les lézards,
serpents et tortues (éloignés génétiquement des oiseaux).
Une phylogénie n'est pas une généalogie
Le
partage entre espèces d'un caractère ou d'un certain nombre de caractères jette
sur ces mêmes espèces le soupçon d'une origine commune qui remonte jusqu'à
l'existence d'un ancêtre commun, le premier à avoir acquis ce caractère ou
ensemble de caractères. L'existence de l'ancêtre peut donc être découverte
grâce à la méthode cladistique, mais pas son identité, qui reste cachée. Ainsi
par exemple les oiseaux partagent tous un ancêtre commun, mais la découverte en
1861 d'un fossile comme Archaeopteryx, qui est le plus ancien oiseau connu, ne
prouve pas que ce fossile en particulier soit l'ancêtre de tous les oiseaux.
Effectivement une découverte future pourrait mettre au jour un oiseau fossile
plus ancien qu'Archaeopteryx, mais à nouveau la certitude d'être en face d'un «
ancêtre » est inexistante. Les rapports d'ancêtre à descendants (la généalogie)
ne peuvent être identifiés en tant que tels que si l'identité même de l'ancêtre
et des descendants est préalablement connue. Autrement dit, pour retracer la
généalogie, la science de la classification devrait avoir la certitude de
connaître toutes les espèces existantes et ayant existé. Comme ce n'est pas le
cas, car la science est loin de pouvoir connaître la totalité des espèces
vivantes et fossiles, la généalogie, même si elle a réellement eu lieu dans le
passé, ne peut être retracée. Ce que la science de la classification peut
retracer, avec ces mêmes éléments partiels que sont les quelques espèces
fossiles et actuelles connues, ce sont les rapports de parenté entre espèces.
Telle est la différence entre une généalogie (« qui est ancêtre de qui ? ») et
une phylogénie (« qui est le plus proche parent de qui ? »). Les rapports
phylogénétiques entre espèces connues constituent ainsi le seul critère
objectif possible de classification.
La Phyléographie
La
phylogéographie est l'étude des principes et processus qui gouvernent la
distribution des lignées généalogiques, spécialement celle de niveau
intraspécifique. Elle étudie les phénomènes génétiques et démographiques, en
particulier les phénomènes de spéciation, ayant conduit à la distribution et à
la structuration actuelle des populations, par exemple sous l'effet de la
dérive des continents, des modifications de courants océaniques, des
oscillations climatiques (qui induisent des glaciations et une baisse
importante du niveau marin notamment), ou de catastrophes géoclimatiques.
Depuis
peu et prospectivement, elle doit prendre en compte le fait que l'Homme est à
l'origine de grandes perturbations phylogéographiques, à échelle planétaire, à
la suite de l'invention de l'usage du feu, de l'agriculture, et des transports
planétaires (espèces introduites, espèces invasives, maladies émergentes,
etc.), mais aussi à la suite de la fragmentation écopaysagère des continents, à
la surpêche, ou à la suite de la destruction et artificialisation des milieux à
grande échelle, ou encore à la suite du dérèglement climatique induit par des
émissions massives de gaz à effet de serre, parallèlement à la destruction ou
saturation de nombreux puits de carbone. La diffusion dans le milieu naturel de
nombreuses populations clonées, et d'OGM ou d'espèces devenues
antibiorésistantes, résistantes à certains biocides (dont pesticides agricoles
ou domestiques ou vétérinaires) posent également de nouveaux problèmes.
Un
biais fréquent dans la littérature phylogéographique provient du fait que les
aspects phylogéniques et purement géographiques qui constituent cette
discipline ont longtemps été isolés les uns des autres. Ainsi, la plupart du
temps, les données qui constituent la phylogénie (les données moléculaires, les
traits morphologiques observés, etc.) doivent être quantitatifs et
statistiquement testables, alors que la composante géographique de la
géophylogénie n’est souvent que qualitative. Pour cette raison, la
phylogéographie a souvent été surtout une approche narrative et spéculative
décrivant et analysant la microévolution et les principes de spéciation. Un
système d’information géographique (SIG) est un ensemble informatique d’outils
qui collecte, stocke, transforme, analyse et qui affiche des données variées
géoréférencées pour résoudre des problèmes divers. La phylogéographie utilise
un ensemble hétérogène de données quantitatives et qualitatives, obtenues à
partir d’une grande variété de sources, et qui sont, ou peuvent être facilement
géoréférencées. Les SIG facilitent l’intégration et l’interrelation des toutes
ces données.
Un
défi est donc d'appliquer le potentiel offert par les outils de l'information
géographique aux principes de la phylogéographie pour créer un système
d’information phylogéographique dans le but d’unifier plus efficacement
phylogénie et géographie. Cela est maintenant possible avec des logiciels, qui
créent des géophylogénies à partir d’une phylogénie et de données géographiques
qui lui sont associées.
La Biogéographie
La
biogéographie est une branche à la croisée des sciences dites naturelles, de la
géographie physique, pédologie, l'écologie, de la bioclimatologie et de
l'évolution qui étudie la vie à la surface du globe par des analyses
descriptives et explicatives de la répartition des êtres vivants, et plus
particulièrement des communautés d'êtres vivants.Étant donné le caractère
interdisciplinaire de cette science, il existe de multiples classifications
selon le cursus, l'époque et la nationalité de l'auteur :
-
Paléobiogéographie (ou « biogéographie paléontologique ») : étude de la
biogéographie passée et de la répartition géographique des êtres vivants à
l'échelle des temps géologiques, cette science se nourrit des avancées de la
paléogéographie (étude de la géographie des continents aux époques géologiques
: but de la géologie historique) et des découvertes faites en paléontologie.
-
Biogéographie historique : étude de la répartition des taxons dans divers lieux
du monde afin de découvrir quelles sont les relations mutuelles entre leurs
distributions géographiques. La biogéographie historique peut être définie
comme l’analyse des relations entre la structure et l’histoire des peuplements
d’une part, et l’histoire géologique de la surface du globe, d’autre part.
-
Phytogéographie (ou « biogéographie botanique ») : étude de la répartition et
des causes de la répartition des plantes ou des associations végétales sur la
terre, s'appuyant généralement sur la phytosociologie et la végétation
naturelle potentielle. L'approche est différente selon le niveau d'organisation
auquel on s'intéresse. Par exemple, au niveau du globe entier, on ne prendra en
compte que les formations végétales, et au niveau de l'Europe, on pourra ne s'intéresser
qu'aux fagacées comme le hêtre.
-
Zoogéographie (ou « biogéographie zoologique ») : étude de la répartition et
des causes de la répartition des animaux sur la terre. Cette science est plus
ancienne car Buffon s'est intéressé très tôt à cette question pour expliquer
l'organisation actuelle de la biosphère en biomes.
Ces
dernières années, les études génétiques effectuées sur des marqueurs neutres
des génomes à hérédité monoparentale permettront de retracer des routes de
migrations des chiens. Les progrès sont constants dans la description des
trajets des espèces, le rôle des événements historiques ont un poids que l'on
ne cesse de revoir à la hausse pour expliquer la physionomie des paysages
actuels.
L’Ontophylogénèse
L’ontophylogènèse
est une théorie regroupant évolution des espèces (phylogenèse) et développement
de l’individu (ontogenèse). Alors que les disciplines qui concernent l’espèce
(sciences de l’évolution, phylogenèse, etc.) et celles qui expliquent
l’individu (embryologie, physiologie, ontogénèse, etc.) sont considérés comme
deux phénomènes aux causes distinctes, cette théorie visant à unifier la
biologie considère que ces deux types de disciplines résultent d’un unique
processus de sélection naturelle étendue.
Ce
concept développé entre autres par Jean-Jacques Kupiec à partir des années 1980
conteste le déterminisme génétique et introduit le hasard dans le
fonctionnement des cellules vivantes. Des expériences ont montré que
l'expression des gènes (leur transcription en ARN puis traduction en protéines)
est souvent aléatoire : les gènes ne s'expriment pas de la même façon dans des
cellules contenant des gênes identiques et leur expression peut changer au
cours du temps dans une cellule.
D’après Genome
sequence, comparative analysis and haplotype structure of the domestic dog (Kerstin
Lindblad-Toh, et al.), Nature 438, 803-819 (8 décembre 2005)
Bravo pour votre site, sur lequel je suis tombé par hasard. La synthèse sur la phylogénèse est claire et concise. Par contre, le paragraphe ontophylogénèse me paraît moins pertinent : les concepts liés à l'évo-dévo sont bien plus d'actualité et plus féconds.
RépondreSupprimerUn passionné de biologie.