LE CHIEN N'EST PAS UN ANIMAL DE MEUTE!
C’est une
erreur de dire « une meute de chiens » en parlant de chiens d’attelage. Il faut
dire « un attelage ». Le mot « meute » ne s’applique uniquement qu’aux chiens
courants : « une meute de chiens courants ». Évitez, s’il vous plait, de dire
que le chien est, comme le loup, un animal de meute. C’est faux !
Un nombre
impressionnant de faux concepts et de fausses conclusions proviennent
d’anciennes observations du comportement des loups en captivité. Ce qui était
vrai hier, ne l’est plus aujourd’hui. Le professeur L. David Mech de
l’Université du Minnesota, qui en début de carrière a observé les loups en
captivité et qui ensuite les a observés en liberté à travers le monde pendant
quarante ans et le professeur D.J. Bibikov, éminent zoologue, remettent les
pendules à l’heure.
Sur le site
www.wolf.org et dans ses dernières publications, Mech dit ceci : « La notion de
loup alpha s’est enracinée dans la littérature populaire partiellement à cause
de mon livre The Wolf : Ecology and Behavior of an Endangered Species, publié
en 1970, lequel est toujours disponible malgré mes demandes répétées à
l’éditeur d’en arrêter la publication. Quoiqu’une partie de ce qui y est écrit
soit encore d’actualité, la majeure partie est obsolète. Une de ces affirmations dépassées est la
notion de loup alpha. Alpha signifie être en compétition avec les autres
animaux afin d’en devenir leur supérieur. Or, la majorité des loups qui
conduisent ce qui s’appelle erronément une meute, ont obtenu cette position en
se reproduisant et en ayant des petits. En d’autre mot, ils ne sont que des
reproducteurs, des parents et c’est ainsi qu’il faudrait les appeler
aujourd’hui : le mâle reproducteur ou la femelle reproductrice ou encore parent
mâle, parent femelle. … J’en conclus qu’une meute de loup n’est rien d’autre
qu’une famille nucléaire, comprenant des parents et leur progéniture qui se
divisent les tâches, la femelle étant l’animal prédominant (et non dominant !)
» (fin de citation)
La légende
populaire veut que le loup vive en meute. C’est faux ! Le mot meute est
synonyme de bande, troupeau, horde. Il est attesté dès les premiers textes avec
son sens de troupe de chiens courants dressés pour la chasse à courre. Par
extension, le mot signifie bande de chiens ou d’animaux attachés aux pas de
quelqu’un ! Il nous incite à imaginer des dizaines, voire des centaines de
sujets rassemblés. L’exemple d’une meute de chiens courants nous est bien
connu. Une telle meute comporte des dizaines, voire des centaines (anciennement
chez les Anglais) de chiens courants. Nous ne disons pas une meute de chiens de
traîneau, mais un attelage ; pas une meute de chiens sauvages, mais une horde ;
pas une horde de gazelles, mais un troupeau ; pas un troupeau d’abeilles, mais
un essaim. Quel que soit le mot employé, nous comprenons un nombre important de
sujets de la même espèce.
Le loup ne
vit pas en meute ! Il vit en famille. La tradition populaire a consacré le mot
meute lorsque l’on parle des loups, or ils ne sont pas attachés aux pas de
quelqu’un, ni ne vivent ensemble en grand nombre. Ils vivent en famille,
généralement en groupe de 4 à 6, rarement de 5 à 11 sujets : les parents, 3 à 6
jeunes et 1 à 3 louveteaux de l’année. Il n’est pas rare de voir un loup esseulé. Par le passé, il arrivait que plusieurs
familles se rejoignent et fassent temporairement route commune, pressées par
les circonstances climatiques, le manque de nourriture. Elles se rassemblaient
par nécessité, par instinct de survie. Dès le printemps venu, les familles se
séparaient et allaient chacune de leur côté. Actuellement, il est extrêmement
rare de voir un groupe de 15, 20 ou 30 sujets, même en période de disette. Les
raisons en sont évidentes :
1. il n’y a plus de place, plus d’étendues
sauvages suffisantes pour répondre aux besoins d’un tel rassemblement d’animaux
sauvages ! Ils vivent reclus, cloîtrés, isolés dans de petites poches de
verdure, de forêts, de montagne, dans des îlots. En Amérique du Nord et en
Alaska, ou dans certaines parties de la Russie, l’on peut encore rencontrer
occasionnellement de tels rassemblements pendant les plus rudes périodes de
l’année, chassés en quelque sorte de leur territoire et obligés de se
rencontrer et de s’allier. Les loups y doivent leur survie temporaire grâce au
fait que l’homme n’a pas encore réussi à envahir complètement le Grand Nord !
2. cette réduction implacable de leur biotope
a réduit de façon draconienne la population mondiale de loups, aussi bien de
façon naturelle (diminution de la progéniture, décès de 40 à 60 % des
nouveau-nés, réduction de la durée de vie – par la maladie, causée par la
mauvaise qualité et la difficulté d’obtenir de la nourriture – que par
l’intervention irresponsable de l’homme (chasse et extermination).
Les
observations et les études sur le terrain ont prouvé que les loups ne vivent
pas en meute. Ayant démontré que les chiens sont de la même espèce que les
loups, la conclusion suivante s’impose : le chien n’est pas un animal de meute
! Il n’est pas un animal de meute, non seulement parce qu’il descend d’un ancêtre
canidé commun avec le loup, qui ne l’est pas, mais aussi parce que rien dans
son comportement ne permet de faire de telles assertions ! De plus, le chien
aussi bien que le loup a évolué. L’homme en a façonné les races de chiens ; il
est devenu domestique. Le chien domestique actuel n’a rien de commun avec son
ancêtre, si ce n’est l’ADN mitochondrial, quelques traits ressemblants chez
certaines races et la persistance de chiens sauvages, lesquels eux aussi n’ont
plus grand-chose en commun, ni avec le loup, ni avec ses ancêtres.
Pauvre Mech,
pauvre Bibikov et pauvre de moi d’oser faire une telle déclaration, alors que
tous les livres, alors que tous les sites web et que beaucoup d’éleveurs et de
soi-disant éducateurs prétendent le contraire ! Allez sur Wikipedia en anglais
ou en allemand et vous retrouverez exactement ce que je viens de vous décrire ;
allez sur Wikipedia en français et vous retrouverez le concept de meute
largement commenté. Comment combattre un tel mythe ? Comment convaincre du
contraire ?
Lorsque je
demande à quelqu’un, à vous p.ex., ce qu’il entend par le mot meute, il se
forme immédiatement et sans qu’il en soit conscient, une image dans le cerveau,
soit de plusieurs chiens courants, soit de plusieurs loups. Pourquoi ? Parce
que c’est l’image qui s’y est formé par la lecture, par les documentaires, les
films, etc. Si le loup ne vit pas en meute, évitons d’employer ce même mot
lorsqu’on parle de chiens, car la représentation mentale de ce mot – l’image
d’une réunion de plusieurs individus – est inexacte et crée de faux concepts à
la base de graves et nombreuses erreurs d’éducation.
Vous trouverez ce mot meute partout, à n’importe quel propos
et dans toutes les langues. Les Anglais parlent de flock, les Néerlandais de
roedel, les Allemands de Rüdel, terminologie qui signifie en réalité troupeau
et non meute et ils ajoutent consciemment flockleader, roedelleider et Rüdelleiter
pour signifier meneur de troupeau, sous-entendu ici : meneur de meute.
Lorsqu’ils disent que le maître d’un chien est le meneur de meute, cela frise
le ridicule, car je n’ai jamais entendu parler d’une meute composée d’un seul
animal.
LE CHIEN N’EST PAS UN CARNIVORE !
J’ai lu
récemment un article écrit par un groupe d’amateurs de chiens, qui préconisent
de nourrir un chien exclusivement avec de la viande et de préférence avec de la
viande rouge. Leur argument est, que le chien est un carnivore et n’a besoin
que de viande. Nécessairement, il y aura une multitude de gens qui suivront ce
conseil. Quelle pitié ! Ne vous ai-je pas dit que n’importe qui peut écrire
n’importe quoi et qu’il existe toujours des ânes pour applaudir ?
Le chien est
un Carnivora selon la classification des espèces animales. Mais cette
définition est mal comprise et demande une plus ample explication. Ce sont les
scientifiques, les zoologues (le Suédois Carl von Linné, 1707-1778), qui ont
établi la systématique, la classification hiérarchisée des animaux et qui ont
classé chaque animal dans des groupes, selon leurs caractéristiques
morphologiques, phylogénétiques, e.a. L’échelle systématique (actuellement en
voie de révision) est en résumé comme suit, p.ex. pour le chien domestique :
Règne
(animal), Sous-règne (Métazoaires), Embranchement (Vertébrés), Classe
(Mammifères), Sous-Classe (Placentaires), Ordre (Carnivores), Famille
(Canidés), Genre (Canis), Espèce (familiaris).
L'ordre des
carnivores réunit des espèces à molaires tranchantes et munies de crocs, les
canines qui dépassent et qui servent à tuer les proies. Les pattes sont
terminées par des griffes.
Les
carnivores terrestres ou fissipèdes, forment 7 familles principales : canidés
(loup, chien, renard), ursidés (ours), procyonidés (raton laveur), mustélidés
(blaireau, loutre, belette), viverridés (genette), hyénidés (hyène) et félidés
(chat, lion, tigre, panthère). Les carnivores marins ou pinnipèdes sont les
phoques, les morses et les otaries. Leurs pattes sont conformées en nageoires.
La famille
des canidés se caractérise par des molaires antérieures tranchantes et
postérieures broyeuses, des griffes émoussées. Le genre en est Canis et les
espèces lupus (loup), familiaris (chien), vulgus (renard), etc.
L’ordre des
carnivores se différencie des autres ordres du même groupe, p.ex. des rongeurs
ou des insectivores, du fait que ces représentants, les 7 familles citées,
possèdent des caractéristiques communes, notamment qu’ils se nourrissent de
chair. Chaque famille est appelée famille, p.ex. la famille des canidés, parce
qu’elle diffère des 6 autres familles par leurs caractéristiques propres. Si
l’hyène peut être considérée comme l’exemple typique d’un animal carnivore,
friand de viande avariée, la loutre l’est moins, car elle préfère le poisson
vivant.
La
définition de carnivore n’implique donc pas uniquement et exclusivement la
consommation de viande, mais se dit des animaux qui se nourrissent de proies
animales, de chair. Il existe des plantes carnivores, qui se nourrissent
d’insectes.
Le loup, ne
se nourrit pas exclusivement de viande, mais également d’abats, d’os, de baies,
de fruits et d’insectes. Ses proies préférées sont les mammifères herbivores,
dont il dévore goulûment l’estomac et les intestins, parce qu’ils contiennent
des enzymes, des vitamines, des minéraux et des substances végétales (!)
indispensables à son équilibre alimentaire. On a supposé qu’il mange
occasionnellement des herbes afin de purger son système gastro-intestinal et
d’éliminer les parasites. Actuellement, on croit qu’il agit ainsi pour pallier
des déficiences. Dans certaines contrées pauvres en gibier, les loups se
sustentent uniquement avec des végétaux ! Vous observerez, que le chien fait de
même et que parfois il vomit, parfois non. Est-ce qu’il cherche un moyen de
vomir parce qu’il a mal à l’estomac, parce qu’il digère mal ? Pourquoi,
puisqu’il reçoit journellement la même nourriture ? Cela reste néanmoins une
possibilité. Pourquoi y a-t-il des jours qu’il mange de l’herbe et ne vomit pas
? Probablement pour compléter un manque.
Le chien
doit recevoir une alimentation complète et variée et certainement pas
uniquement de la viande ! Le chien n’est plus un animal sauvage, mais
domestique, dont l’évolution depuis des millénaires a changé les habitudes et
les besoins alimentaires. La viande seule ne suffit pas, parce qu’elle ne
représente pas un aliment complet. Une ration alimentaire équilibrée doit
contenir une portion de végétaux, des graisses, des minéraux et des vitamines.
Le loup a dû
s’adapter à son environnement et à la disponibilité des proies de plus en plus
restreints. Dans certaines parties du globe, il se nourrit de petits et grands
mammifères, dans d’autres d’amphibies, d’insectes et parfois même
majoritairement de végétaux, faute de mieux. Sa physiologie intestinale s’est
graduellement modifiée et adaptée. Le chien aussi s’adapte très facilement à un
changement de régime. Cette constatation nous intéresse, car elle nous fait
douter du bien-fondé des habitudes de certaines firmes d’alimentation canine de
produire des aliments dont la composition ne varie pas ou peu. Ceci implique
que l’habitude de donner la même nourriture pendant toute la durée de vie d’un
chien est une notion dépassée. Je ne vais pas prétendre qu’il faut varier les
repas tous les jours, mais rien interdit de le varier de loin en loin ou si le
chien montre un manque d’appétit. Ceci n’implique néanmoins nullement, qu’il
faut le nourrir avec des restes ou avec une alimentation basée sur celle des hommes.
Le chien
domestique ne chasse plus et ne sait plus subvenir à ses besoins. Il est à
l’entière merci de l’homme. Il doit se contenter de ce que l’homme lui donne.
Les éleveurs et les propriétaires de chiens considèrent l’alimentation du chien
comme une banalité, comme un élément de second ordre, en quoi ils font erreur.
Elle est primordiale ! Le développement psychique et physique du chien en
dépend.
Il est très difficile de composer un repas équilibré fait
maison qui répond entièrement aux besoins du chien, ni d’en conseiller un, ne
fût-ce que schématiquement. Il y a trop de variables : la race, la taille,
l’âge, le tempérament, l’activité, la maladie, etc. Les aliments secs, complets,
sont la meilleure solution.
LES ALIMENTS SECS
Vous
trouverez sur l’emballage des sacs un tableau de la ration à donner en fonction
du poids et un autre, du type d’aliment à choisir (code couleur) en fonction de
la taille du chien. Ceci mérite une explication.
Le chien de
petite taille a une plus longue espérance de vie qu’un plus grand, d’environ 12
à 15 ans. Il grandit vite et atteint sa maturité physique au dixième mois. Lors
de cette période de croissance, il a besoin d’un apport énergétique du double
de celui de l’âge adulte. Un tel chien a souvent un tempérament vif et il doit
recevoir un apport énergétique approprié. S’il est inactif, chien de compagnie,
sa ration devra être réduite, car l’obésité est une calamité. Vers l’âge de 8
ans, il entre dans son troisième âge. Il s’agit de le tenir en pleine forme le
plus longtemps possible. Pour cela, il existe des aliments adaptés aux chiens
âgés.
Le chien de
taille moyenne (de 10 à 25 kg à l’âge adulte) a une espérance de vie de 10 à 12
ans et atteint son poids d’adulte vers l’âge de 12 mois. Il entre dans son
troisième âge vers l’âge de 8 ans.
Le chien de
grande taille (plus de 25 kg jusqu’à 80 kg à l’âge adulte) est le plus sensible
en ce qui concerne son alimentation. Son espérance de vie est de 8 à 10 ans. Sa
croissance s’étend jusqu’à l’âge de 18 à 24 mois ! Son poids à l’âge de 12 à 15
mois est de 100 fois supérieur à celui lors de la naissance ! C’est pourquoi un
tel chien est particulièrement sujet à des anomalies squelettiques
(ostéochondrose disséquante, syndrome de Wobbler, dysplasie de la hanche à
prédisposition génétique). Ce chien demande qu’on ne le fatigue pas, qu’on
évite de le laisser monter et descendre des marches d’escalier et qu’on évite tout
apport excessif de vitamines et de minéraux, qui provoquent des déformations
squelettiques. Son aliment complet doit être spécifique pour grand chien. Dès
l’âge de 6 ans environ, il entre dans la catégorie des chiens âgés et il faut
adapter son alimentation en conséquence.
Votre chien recevra donc 3 différents types d’aliments :
l’un pendant sa période de chiot, un deuxième à l’âge adulte et un troisième
pour sa vieillesse.
Il s’agit
bien d’un aliment complet, c’est-à-dire qu’il faut impérativement éviter :
1. d’y
ajouter quoi que ce soit ;
2.
d’alterner cet aliment avec un autre type (fait maison);
3. d’y ajouter
minéraux et vitamines.
Le commerce
nous inonde de produits, que l’on pourrait appeler friandises : snacks,
biscuits, cakes, croquettes, os à moelle, chocolats (! du poison pour le chien),
etc., qui coûtent très cher et qu’il faut éviter à tout prix, car ils ont comme
conséquence :
1. de rendre
le chien obèse ;
2. d’en
faire un chien sans appétit ;
3. de mal le
nourrir.
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