Le Dictionnaire Historique de la Langue Française (sous la direction d’Alain
Rey) nous donne une étymologie du mot « chien » nette et précise,
sans ambiguïté.
D’abord chen (1080) puis chien
(1195-1200), le mot est issu du latin canis
(et canes), chien, chienne. Canis se rattache au groupe indoeuropéen
du grec kùon, d’où cynégétique,
cynologie, cynique.
Le mot comme nom de l’animal
domestique par excellence a inspiré de nombreuses locutions, quelquefois par
opposition à loup (« l’heure entre chien et loup »), animal sauvage
le plus semblable ou à chat (« comme chien et chat »), autre animal
domestique très apprécié. Le syntagme de
chien (1552) comprend toujours une
idée de difficulté, de peine (« mener une vie de chien ») par
allusion aux mauvais traitements supportés par l’animal et à son
infériorisation par rapport à l’homme.
Dès l’ancien français (1195-1200,
comme adjectif ; 1223 comme nom) chien prend d’ailleurs un sens figuré
fortement péjoratif, appliqué à un homme, parfois avec des valeurs spéciales,
comme avare (1829) ou, au féminin, à
une femme avec une référence de réprobation sexuelle. En revanche, dire d’une
femme qu’elle a du chien (1866) c’est
exprimer une idée de charme racé. Au XIXe siècle, chien est passé
dans l’argot des journalistes (1874) où il est entré dans l’expression chien écrasés (1881), rubrique des faits
divers.
Parallèlement, il a développé depuis
le XIIIe siècle dans des syntagmes, des sens analogiques, comme
p.ex. chien de mer, pour petit requin
(av. 1250). Par allusion avec une attitude coutumière de l’animal, le mot est
devenu un terme technique pour la pièce coudée de certaines armes à feu (av. 1630),
repassant dans le langage courant dans la locution dormir en chien de fusil (1866).
On a souvent répété que, dans les
langues orientales, le nom de chien était un terme de mépris et que le mot
manquait de noblesse. Si l'on consulte les étymologies que l'abbé Maupied (date ?)
a données de ce nom, on peut changer un peu d'opinion à cet égard. « Ce mot, en hébreu kabel, de la particule ka
(comme) ou de lud (tout) et de leb (cœur), signifie « très affectueux, très
caressant ». En grec, il aurait la même signification puisque le mot kûon n'est
que le participe du verbe kuo (caresser, embrasser); le nom du chien signifie donc
« caressant ». En latin, canis, venant du verbe caneo (vieillir, être prudent),
indique donc que le mot signifie « fidèle, prudent ». « Chien », en
français, venant du grec kûon, a la même signification. Comme l'a écrit de
Blainville, ces étymologies ne prouvent-elles pas que le chien a été de tout
temps un animal fidèle, caressant, prudent, attaché à l'homme, et créé avec lui
et pour lui ? »
Voyons maintenant ce qu’en disent
les Slaves, Iouri Lotman et Boris Ouspenski dans leur livre Sémiotique de la culture russe. L’Âge
d’Homme (1990 pour la traduction française).
Dès le XVe s. les Russes,
tout comme les autres peuplades slaves comme les Polonais, Roumains, Hongrois,
… utilisent le mot chien dans leurs jurons et en font le sujet principal,
souvent associé à la femme : Qu’un
chien souille sa femme et sa fille ; fils de chienne ; fille de chienne, elle a fait un fils de chien.
« Avoir une foi de chien » signifie « être incroyant ».
Comme le non-croyant, le chien n’a pas d’âme, il est le démon. Les Ukrainiens
disent « Polonais, Juifs ou chiens,
c’est la même foi. »
Dans certains idiomes slaves le mot
signifiant « jurer », signifie également « souiller ». Une
des racines en est pes-, (pas, pies, pisu) lequel tout comme canis et kûon veulent dire « impudent » (?). De plus, kûon se traduit aussi par
« vulve ». Il s’ensuit une association entre le mot «
chien » et « souillure », « accouplement »,
« dévoyé ». Certaines légendes racontent que tous les hommes et
peuples sont nés de l’accouplement d’une femme et d’un chien, ce qui nous
ramène à la terre. L’accouplement de la femme et d’un chien serait aussi à
l’origine du tabac noir et de la pomme de terre : le chien commence par
souiller la femme et il en résulte ces plantes impures. Le culte de la terre
est la mythologie du chien sont fortement liés : le chien souille la
terre, raison pour laquelle aucun paysan slave ne laissait entrer un chien chez
lui.
Cela nous laisse perplexe, car nous
savons que, d’après le dictionnaire des symbôles, le chien était associé à la
trinité terre, eau, lune à symbolique végétative, féminine, sexuelle et divinatoire.
Souvenez-vous de la déesse Hécate, déesse tricéphale, dont la tête de lion
symbolise l’éther, celle de cheval, l’eau et celle de chien, la terre.
Elle-même était considérée et comme la divinité de la terre et comme un chien,
dans une configuration de divinité trimorphe : terre, eau et éther. La
femme est la terre, celle qui engendre ; le chien est associé à la terre,
celui qui la « souille » ; de cet « accouplement »
naît la nature avec ces bons et ces moins bons produits.
Un autre étymologiste, Kentel, va
plus loin. Il étudie le problème des origines celtiques et proto-indo-européennes
du français et prétend « qu’un nombre assez important d'indices laissent
penser que les origines latines de notre langue ont été largement surévaluées. Il
a effectué des recherches sur le mot « chien » que l'on fait remonter
à canis et dit que pour réussir cette
performance phonétique on doit cumuler une palatalisation + une diphtongaison +
une nasalisation qui sont les trois processus d'évolution phonétique les plus
complexes. Dans une langue comme l'occitan, le mot est resté canis, en italien il a donné cane, donc cette métamorphose radicale
en français lui semble curieuse. Et il ajoute : « À ceci il faut ajouter un autre
élément plus civilisationnel : le chien a été domestiqué en Europe plusieurs
millénaires avant l'arrivée des Indo-européens, et on peut imaginer que le mot
désignant le chien peut être, non seulement de racine fort différente, mais
aussi très ancien. Le non-recouvrement du mot « chien » par un
emprunt plus récent est attesté en espagnol (perro n'a probablement pas une origine indo-européenne et en
anglais, dog n'a pas d'origine
connue (selon Kentel !), et le mot hound qui renvoie
au hund germanique est également un
isolat) (cette interprétation est démentie par les dictionnaires étymologiques -
note de l’auteur). En polonais « chien » se dit pies ce qui n'a encore rien à voir (faux !), et dans une
langue sœur du polonais telle que le russe on dit sabaka (à l’origine une injure !). À la limite, le ki ou c'hi breton est plus proche phonétiquement du chien que du canis. »
C. Cottereau répond à cela :
« Si le mot chien pose problème en français, même si à première vue il est
compliqué, les spécialistes le considèrent bien comme issu du latin canis. Le contexte phonétique est proche
de celui du mot capra « chèvre » qui
a précisément donné chievre en ancien
français, et cela de manière tout à fait régulière. La palatalisation de ca- latin qui a affecté le français est
un phénomène beaucoup trop tardif pour avoir une origine préindoeuropéenne ou
celtique. Les noms du « chien » dans les langues citées remontent tous à
l'indoeuropéen kuō, ƙuō(n), et non pas à kwen qui est une reconstruction erronée.
Par contre, le latin canis fait
difficulté au niveau phonétique par rapport à l'indo-européen, il n'en reste
pas moins la source du mot français chien. Quant au breton ki, il est issu du britonnique cū,
lui même du celtique commun kú. La
ressemblance avec le français est purement fortuite. Quant au mot dog anglais c'est un mot familier et
affectueux (tout comme doggie son
diminutif) pour le chien, sans origine bien définie, mais l'anglais a une
propension à désigner les animaux par leur petit nom, ce qui fait presque
disparaître le nom d'origine. »
Voilà deux spécialistes qui se
crèpent le chignon. Ce qu’ils disent parait très sérieux et réfléchi. Et
pourtant, l’explication de Cottereau concernant l’étymologie du mot dog est complètement fausse et lorsque
Kentel dit que « dog n'a pas
d'origine connue », c’est qu’il n’a pas cherché bien loin. Ce que vous ne
savez peut-être pas, peut-être bien, est que la langue anglaise est une langue
germanique, comme le français et l’italien sont des langues latines. Ces sont
les peuples germaniques, les Angles et les Saxes, qui ont « créé » l’Angleterre,
« la terre des Angles », les Saxons ayant été dominés et mis en
minorité, sans pour autant que l’expression « anglo-saxon(-ne) » ne
disparaisse complètement pour autant. Or, les Anglais avaient comme mot pour
désigner un chien le mot hund, de
l’Allemand Hund, lequel s’est
transformé plus tard en hound. Cette
appellation va durer jusqu’au moins le XVe s. Mais vers 1050
apparait assez subitement le mot dox
(« de couleur sombre, brun-jaunâtre » ce qui fait penser à un chien
de couleur sombre ou brunâtre avec un masque noir, comme le sont les Mastiffs) et
docga en vieil anglais, lequel se
transformera par la suite en dogge, en
Écosse en dug. La question est
alors : D’où vient le mot docga ?
En vieil anglais le suffixe -ga donne
à un substantif une signification de diminutif, de petit. Dog pourrait provenir du mot proto-germanique dukkǭ, qui signifie « puissance,
force, muscles ». Docga
signifierait alors un animal musclé, puissant, mais petit (par rapport à
l’homme). Plus tard, seul les chiens puissants seront appelés dogge ou docke, terminologie reprise pour désigner l’Englishe Docken, l’Englishe
Tocken, le Dogue allemand, le Dogue de Bordeau et d’autres. Le mot dogge et dogue désignait initialement un grand chien puissant, souvent de
race indéterminée. Le mot d’origine
germanique, remanié par les Anglais, retournera sur le continent pour y devenir
Dogge (allemand), dogue (français), etc.
Résumons-nous. Le mot
« chien » dans la langue française, langue latine, vient très
vraisemblablement du latin canis. Il
en est tout autre du mot « dog »,
d’origine protogermanique devenu anglais, du mot docke, puis dogge. Dog et hound ont subsisté côte à côte jusqu’au XIXe s. Si le
sujet vous intéresse, lisez le chapitre The
Etymology of Old English docga dans le livre de Piotr Gasiorowski (Université
de Pologne) : Etymology in germanic
linguistics.
Laissons-là les sémiologistes,
étymologistes et linguistes et continuons.
De nombreux mots dérivent du mot chien, certains évidents, d’autres
beaucoup moins.
Chiennage (1155 ?)
était un impôt communal afin de collecter des fonds pour payer les chiennetiers
et pourvoir aux soins et à la nourriture des chiens communaux (de guet).
Chiennaille
(1174-1177) désigne une troupe de chiens, très tôt avec une valeur péjorative
figurée (av. 1195), partagée par son doublet canaille.
Chiennerie
(1210), groupe nombreux de chiens, a lui aussi reçu des acceptations figurées,
s’appliquant à un comportement dégradant (1460), souvent sexuel et
familièrement à l’idée d’avarice (1669), également réalisée dans l’ancienne
langue par chienneté. « Cette
chiennerie de métier ! ».
Chiennetiers
(1155 ?) : officiers municipaux qui étaient chargés de dresser, de
nourrir, de lâcher au coucher du soleil et de ramener quand le jour se levait
les chiens de guet.
Chiendent,
est d’abord un toponyme (1340) selon un mode inhabituel en français là où l’on
attendait dent de chien, comme dent de lion. Le mot continue peut-être
un type latin médiéval canis dente,
de même que l’ancien français chevau-queue,
désignant un végétal, la prêle, continuait le latin caballi coda (queue de cheval). Attesté depuis 1559, chiendent a reçu le sens figuratif de
complication, embarras par allusion à la difficulté à extirper cette plante
d’un terrain (1690).
Chien-loup
(1775) est le calque de l’anglais wolf-dog,
formé avec wolf, loup et dog, chien : variété de chien
employée pour la chasse au loup (1652), puis race de chien obtenue par
croisement d’un loup et d’un chien domestique (1736).
Chien-chien
(1875) est issu de chien par redoublement affectif de sa syllabe : le chien-chien à mémère.
Chenet (1287)
est un diminutif ancien de chien, ces pièces jumelles placées dans les
cheminées et sur lesquelles on disposait les buches, étaient figurées à
l’origine par des chiens accroupis.
Chien-assis
(1841) désigne en architecture un type de fenêtre pratiqué dans une toiture. Il
est comme chien de fusil un terme
technique tiré de l’observation de l’attitude du chien.
Chienlit (1534),
nom masculin et féminin, n’a aucune corrélation avec le mot chien ! Il est composé de la forme
verbale chie (de chier), de en et de lit et a eu les sens propre de chier au lit. Par extension il désigne
un personnage de carnaval, au féminin, une chienlit, une mascarade débridée,
développant le sens moderne de pagaille, désordre, popularisé par un mot
historique du général de Gaulle à propos de Mai 68. Presque entièrement
démotivé, il conserve un lien avec l’idée étymologique de
« défécation » dans le sens populaire « morceau de chemise
dépassant de la fente postérieure de la culotte d’un enfant » (1866).
Cagne, chienne
de mauvaise race, d’abord caingne
(1180 - 1200) puis caigne (début du
XIIIe siècle) et cagne,
est emprunté à l’ancien provençal canha,
chienne, attesté au figuré dans puta
canha, de mauvaise race, engeance (1213) et maintenu dans les dialectes du
Midi de la France au sens de « chienne ». Canha est issu du latin populaire cani, dominant dans le domaine d’Italie du Nord et en provençal,
formé sur canis. L’hypothèse d’un
étymon italien cagna, chienne, (1300
- 1310) est moins certain.
Le mot a d’abord été employé dans le
sens de « mauvaise race », « faire mauvaise mine », au sens
figuré de « femme de mauvaise vie (1456), également comme terme d’injure
(1456 - 1467) avant de désigner une chienne de mauvaise race. Le mot n’est plus
en usage qu’en français régional d’Occitanie où, par l’intermédiaire du sens de
« personne paresseuse (comme une chienne) » (1886) il a pris le sens
de « paresse », notamment dans l’expression avoir la cagne (1881).
Cagnard est une
réfection graphique (1622) de caigniart
(1460), caignart (1514) puis cagnart (1527) originaire de la France
méridionale. Il est dérivé de l’ancien provençal canha, peut-être d’abord avec le suffixe -ale au sens de « niche, chenil », puis avec changement
de suffixe au sens étendu de « endroit retiré, abri » en référence au
gout des chiens pour les recoins.
En français le mot a désigné un
réduit, un abri misérable et a servi autrefois à désigner un lieu de
prostitution, un bordel (1527).
En sont dérivés les mots cagnard, cagnarde, personne paresseuse, cagnarder, paresser, cagnardise, paresse et cagneux, cagneuse, qualifiant celui ou
celle qui a les genoux tournés en-dedans, les genoux et les jambes osseuses,
faisant allusion à la forme des pattes antérieures du chien.
Cagnotte est un
emprunt (1801) au provençal cagnoto
au sens de « petite cuve utilisée pour la vendange » (1857). Il
s’agit probablement du diminutif de cagn,
cagno, « chienne », mot
dont les dérivés ont servi à désigner divers récipients et petits objets, de
même que le mot « chien » lui-même. P. Guiraud y voit ca-niotte, doublet de ca-niche (à ne pas confondre avec la
race de chien), formé de ca, creux
(cave) et nidica, niche, nid, d’où
« cachette pour l’argent » (1690) et par extension, l’argent lui-même
(1855).
Canaille, nom et
adjectif, est emprunté (1470) à l’italien canaglia,
« troupe de chiens », dérivé avec un suffixe péjoratif de cane, chien, du latin canis.
Employé comme désignation péjorative
du « bas peuple », il a remplacé son correspondant français chienaille, chenaille, encore usité au XVIe siècle. Le sens moderne
de « personne malhonnête, méprisable » est surtout employé sur le ton
de la gronderie affectueuse envers un petit enfant (fripon, polisson).
En sont dérivés : encanailler, « frayer avec les bas
peuple » et aussi « perdre ses qualités » ; canaillocratie, formation
révolutionnaire sur le modèle de aristocratie et démocratie ; canaillerie, canaillement et canaillou.
Canari, d’abord canarin, sous l’influence de serin (1576
- 1851) est emprunté à l’espagnol canario
(1582 - 1583), lui-même métonymie du nom du pays d’origine de l’oiseau, les
Îles Canaries. Celles-ci devraient leur nom (latin Canarias) au fait que le roi numide Juba II y aurait rencontré des
chiens gigantesques.
Caniche est le
dérivé inattendu (1743) de cane avec -iche, suffixe probablement dialectal
entrant dans la construction de mots familiers auxquels il confère une valeur
affective (bourriche, potiche). Le chien a été ainsi nommé parce que, comme les
canes et les canards, il va volontiers à l’eau.
Le mot désigne un chien de la race
des barbets, à poils frisés et généralement très fidèle : « suivre quelqu’un comme un caniche ».
Canicule est
emprunté (fin du XVe siècle) au latin canicula, diminutif de canis,
chien. Le mot latin, signifiant littéralement « petite chienne », est
employé depuis Varron comme terme d’astrologie désignant Sirius, l’étoile
principale de la constellation du Grand Chien, d’après le grec kùon, kunos, chien.
Le sens de « chienne » est
un latinisme qui n’a pas vécu. En est dérivé le mot caniculaire, se disant
d’une chaleur extrême.
Canidés (voir
chien)
Canin, canine
est emprunté (vers 1390) au latin caninus « relatif au chien »,
employé spécialement en anatomie, appliqué aux dents pointues, très saillantes
chez le chien. Il est directement dérivé de canis.
Le mot qualifie ce qui est propre,
relatif au chien. Le féminin est substantivé, canine, pour désigner les dents
pointues entre les incisives et les prémolaires.
Chenil (1387)
est issu du français populaire canile,
mot formé sur canis d’après des mots
comme bovide, caprile, ovide.
Au sens de « lieu où sont
enfermés les chiens de chasse », puis aussi « lieu où l’on garde des
chiens » en général (1676), le mot a développé le sens péjoratif attendu
de « logement sale » (1694) et en français de Suisse,
« désordre, situation embrouillée et mauvaise ». Le sens moderne de
« lieu où l’on héberge des chiens contre payement » n’est attesté que
depuis le milieu du XXe siècle.
Chenille (1214)
représente le même mot que canicule :
il est issu par voix populaire de canicula,
« petite chienne » (de cana,
chienne) qui aurait pris en français le sens de « larve du papillon »
par analogie de forme avec la tête d’une petite chienne.
Chialer, mot
populaire attesté tardivement (1844) est d’origine douteuse, peut-être à
rattacher au moyen français chiau,
« petit chien » (1552), dont la forme moderne est
« chiot ».
D’abord employé à propos d’un chien
qui crie, le mot a son sens actuel de « pleurer » en 1847. D’usage
argotique à l’origine, il est aujourd’hui à peine familier, mais reste
péjoratif. En a été retiré chialeur, chialeuse (1883). On pense également à
l’influence des verbes onomatopéiques de la langue wallonne : tschüler, choûler,
« pleurer ».
Chiot, d’abord chiaux (1552) puis chiot (1611), est une
forme dialectale correspondant à l’ancien français chael (XIIe siècle). Ce dernier est issu du latin catellus, également catulus, « petit d’un animal », pris spécialement pour
désigner le petit chien et rattaché de ce fait à canis. Le mot a mis longtemps à s’imposer (fin IXe
siècle) avant d’être assimilé à la famille de chien, dont le dérivé chiennot n’est quasiment plus utilisé.
Cynégétique
est emprunté (1750) au grec kunêgetikos
« qui concerne la chasse avec une meute ou la chasse en général », de
kunêgetein, « chasser », de
kuôn, kunos, « chien » et
de agein « mener ».
Le mot, enregistré par l’abbé
Prévost dans son Manuel lexique qualifie
ce qui concerne la chasse, spécialement la chasse avec une meute de chiens
courants. Contrairement à chasse, il
est d’usage didactique, employé substantivement pour l’ensemble des
connaissances concernant l’art de la chasse au chien courant.
Cynique est
emprunté (1375, écrit cinique) au
latin cynicus, lequel est la
transcription du grec kunikos,
proprement « qui concerne le chien », appliqué par figure aux
philosophes de l’Ecole d’Antisthène et de Diogène parce qu’ils affichaient une
attitude d’indépendance intellectuelle et morale. Kunikos est dérivé de kuôn, kunos,
« chien », employé comme injure à l’égard d’une femme effrontée,
impudente et parfois pour désigner un gardien. Ce mot appartient au même groupe
indoeuropéen que le latin canis.
Le mot a développé spontanément son
sens courant « d’effronté, sans principe » (1674). Le sens de
« relatif au chien » (1552), rare et didactique, est surtout réalisé
dans l’expression médicale spasme cynique
(1752) en parlant d’un mouvement convulsif des joues et des lèvres. En sont
dérivés les mots cyniquement, cynisme
Cynocéphale,
du grec kunos, kuôn et kefalo, « tête » (1372)
signifie « à tête de chien, de chacal » Anubis, dieu égyptien cynocéphale.
Cynodon est une
plante, fréquement utilisée comme gazon de terrain de football, de golf ;
un poisson tetra d’eau douce à canines développées.
Cynodontes :
Dans le règne animal, les Cynodontes (clade Cynodontia) (de kynos et odontos, « dent ») sont un clade de synapsides qui
appartient au groupe des Thérapsides, aussi connus sous le nom de « reptiles
mammaliens ». Les Cynognathes appartiennent à l’ordre des Thérapsides et les
mammifères sont les seuls représentants actuels des cynodontes.
Cynodrome,
de kuôn et dromos, « route » : piste aménagée pour les courses
de lévriers.
Cynoglosse,
de kuôn et glossa, « langue » : plante des décombres aux
feuilles appelées langues de chien.
Cynognathe
(de kuôn et gnathos, mâchoire) : ayant une mâchoire de chien. Le
Cynognathus est un genre éteint de reptiles prédateurs d'une longueur d'environ
1 mètre, présentait un aspect voisin de celui du blaireau mais avec une tête
plus large et une queue plus courte. Doté de puissantes mâchoires à denture de
mammifères, il se nourrissait en fouillant le sol à la recherche de petits
animaux et de végétaux.
Cynographie
(grafo, « écrire ») :
l’histoire du chien.
Cynologie :
la cynologie est un terme utilisé pour regrouper les approches, les techniques,
les philosophies et les divers outils utilisés pour la sélection des races
canines ainsi que pour l'entraînement et l’éducation des chiens.
Cynomachie,
de kuôn et makhês « combat »: combat de chiens.
Cynomorphe
(morfi, « forme ») :
qui ressemble à un chien. (Cynomorphique, cynomorphisme)
Cynophagie,
de kuôn et fago (« manger ») est une pratique alimentaire qui
consiste à se nourrir de viande de chiens. Cette pratique fait partie de la
culture culinaire de nombreux pays et notamment des pays asiatiques (Viêt Nam,
Corée, Chine - en forte diminution -, Indonésie) et en Afrique. Le Japon semble
faire exception en Extrême-Orient pour la consommation de viande de chien. Il
s'agit encore une fois d'une réprobation culturelle. Dans la culture de ce
pays, le chien est très respecté. En Allemagne, la dernière boucherie canine a
fermé dans les années 1940. En Suisse, il est interdit de commercialiser de la
viande de chien, en revanche, aucune loi n'interdit la consommation de viande
de chien (et de chat) à titre d'usage privé. On trouvait en France quelques boucheries
canines jusqu'à la première moitié du XXe siècle. La viande de chien
est également consommée dans la France d'outre-mer. En 2014, aucune loi
n'interdit la consommation de chien (et de chat) en France. Néanmoins des
régimes juridiques différents (en termes de contrôles sanitaire et de
traçabilité) s'appliquent à l'élevage d'animaux de compagnie et à l'élevage
d'animaux destinés à la consommation. De plus, si l'animal est importé, la
plupart des espèces sauvages sont interdites à la consommation sous le terme
générique « viande de brousse ». Souvent perçue avec « dégoût » par
les Occidentaux, en particulier dès la fin du XXe siècle, la
cynophagie est parfois explicitement interdite.
Cynophile,
cynophilie, de kuôn et filos « ami » : ami des
chiens. Brigade cynophile : qui emploie des chiens dressés.
(Les Anglais ont un mot « cynolatry » qui signifie
« idôlatrie du chien »).
Cynophobie (Cynophobe)
(de kuôn et fovos, « peur, crainte ») est une crainte pathologique des chiens.
La cynophobie est classifiée en tant que phobie spécifique, sous-type de phobie
animale. Bien que les serpents et les araignées soient les plus craints, la
cynophobie se répand rapidement à cause du nombre de chiens qui s'étend par
pays.
Cynophore
(de kuôn et foráo, « porter ») : qui porte un chien.
Cynopolis
ou Kynopolis ou Kynopolites est une ville de l'Égypte antique située sur la
rive orientale du Nil en Haute-Égypte vouée au culte du dieu Anubis. C’est la
forme latine du terme grec kunopolis
(kunôn polis) : « la ville des
chiens ».
Cynorexie
(oreksi,
« appêtit ») : avoir un gros appêtit, une faim deloup.
Cynorhodon
est emprunté (1690) au grec kunorhodon,
« rose de chien », composé de kuôn,
kunos « chien » et de rodon,
« rose », la plante ainsi dénommée étant traditionnellement réputée
soigner les morsures de chien.
Le mot, synonyme de rosier sauvage
et églantier est surtout employé par métonymie comme nom de fruit de cet
arbrisseau, utilisé dans la confection de tisanes, pilules et confitures
(capables de soigner les morsures de chien ?).
Cynotechnie :
La cynotechnie est l'ensemble des connaissances et des techniques liées à
l'élevage du chien, à son éducation et à sa formation à des tâches spécialisées
(détection, pistage, protection...). Une équipe cynotechnique désigne généralement
une association homme(s)-chien(s) dont les tâches sont la recherche et le
sauvetage de personnes (avalanches, séismes, sauvetage en mer...).
Cabot au sens
de « chien »(1821) est un mot d’origine incertaine, peut-être à
rattacher au latin caput
« tête » par l’intermédiaire d’une forme provençale « cabotz », désignant le têtard et à
l’origine du poisson à grosse tête, chabot
(1544). L’hypothèse d’une altération de clabaud
« chien courant qui aboie » est sémantiquement recevable, mais fait
difficulté du point de vue phonétique.
Le mot est d’abord un terme d’argot,
quelquefois altéré en cabe (1834), cabja (1896), cabji (1901). Avant son extension populaire (1860), les textes
spécifient presque tous « chien de garde » ; dans l’usage
familier c’est l’un des synonymes de chien, qui tend à vieillir et remplacé par
clebs et clébard.
L’emploi de cabot au sens de
« caporal » dans l’argot des casernes (1881, cabo) se comprend comme une altération de capo, abréviation de « caporal », motivée par
l’expression chien de quartier (de
caserne).
Cador (1878) de
l’arabe gaddour, « chef »
ou de ca(bot) et (mé)dor : chien. « Ce n’est pas un cador »
signifie « c’est quelqu’un de médiocre, il n’est pas très fort ».
Cagouince, cagoince (origine
inconnue) : petit chien en argot.
Cerbère est
emprunté (1576) au grec Kerberos,
chien à trois têtes qui gardait la porte des Enfers. Par extension du sens
étymologique, cerbère a pris dès le XVIe siècle une signification
figurée familière notamment à propos d’un portier rébarbatif et dès le XIXe
siècle dans la locution « c’est un cerbère », relatif au chien de
garde dangereux ou hargneux.
Clabaud, d’abord
Clabaud, nom propre de chien (1450), est d’origine incertaine. Le mot est
employé comme nom commun, comme dénomination d’une espèce de chien qui aboie
fortement (1501, sens devenu archaïque. Il est employé au figuré à propos d’une
personne qui crie beaucoup sans motif (1718). Par allusion aux oreilles
pendantes de ce chien, il a caractérisé une coiffure, un chapeau à bords
pendants (1680). Clabauder, aboyer fort, s’est répandu dans la langue figurée
pour « médire » (1611), « crier à tort et à travers »
(1648). En sont dérivés : clabaudeur, clabaudeuse, clabaudage et
clabauderie.
Clébard (1934)
probablement fait sur cleb, clebs avec le suffixe -ard, constitue un doublet de clebs.
Clebs, d’abord cleb (1863) puis clèbs (1884 et ensuite en 1898) est emprunté à l’arabe maghrébin klab, pluriel de kelb, « chien ». Il ne s’agit pas d’une erreur sur le
nombre du mot, mais représenterait clébard, apocopé en cleb’s d’où clebs.
Le mot fût introduit par les soldats
d’Afrique et répandu dans l’usage familier, au même titre que bled, p.ex., et désigne un chien. Le
sens de « caporal » (1914) qu’il a pris dans l’argot des poilus, est
dérivé par paronymie de cabot, « chien » et « caporal ».
Corniaud a succédé
(1845, corniau), par changement de
suffixe, à une autre forme corneau
(1655), elle-même d’origine obscure. Apparu avec le sens de « chien
bâtard », le mot pourrait être dérivé de corne pris au sens de coin,
le chien bâtard étant le chien né au coin de la rue.
Quant au sens figuré de
« niais, imbécile » (1949), il est peu probable qu’il en soit dérivé.
Il serait plutôt issu par substitution de suffixe de cornier « dupe, niais » (1455), lui-même dérivé de cornard,
d’abord noté cornair (1277),
proprement « homme qui porte des cornes », d’où « niais, mari
trompé ».
Fido, nom
souvent donné à un chien, fait probablement allusion à « fidélité ».
Mâtin est issu
(1119) d’un latin populaire mansuetinus,
masuetinus, « apprivoisé, dérivé du latin mansuetus de même sens, qui avait donné l’ancien français mansuet, « doux,
bienveillant », en particulier « apprivoisé, dompté, docile ».
Le mot est passé en français comme
nom d’un gros chien puissant employé à la garde du bétail, des maisons. Son
emploi métaphorique désigne un homme au physique grossier, rude, puis rusé et
habile dans plusieurs domaines. Le mot a une grande vitalité dans les
dialectes, de même que son féminin mâtine,
autrefois « chienne, femelle de mâtin » (1573) et dès 1570,
« femme de mauvaise vie ».
Mâtiner a le sens de
« maltraiter, traiter de chien, réprimander », mais aussi de
« couvrir la femelle » (1561). Mâtiné, mâtinée, (1858) appliqué à un
chien de race non pure (1865 - 1866) est employé au figuré avec l’idée de
« mêlé, hybride ».
Médor semble
être un petit nom familier souvent employé comme nom propre et comme nom affectif
pour n’importe quel chien.
Molosse est
emprunté (1515) au latin molossus (canis), « chien » et
« chien de berger, de garde ; emprunté au grec Molossos, proprement « de Molossie », cette contrée
d’Épire étant réputée pour ses chiens de chasse et de garde.
Le mot désigne un chien de garde,
d’abord dans un contexte antique, quelquefois en apposition dans « chien
molosse » (1840), chien au museau renflé comme celui d’un dogue.
Pitou, mot
familier québécois, désigne un chien amical ou mignon, qui n’a rien de
menaçant. Le terme est à comparer avec son équivalent félin, le minou.
Roquet
appartient (1544) à la famille du verbe dialectal roquer « craquer,
croquer, heurter », verbe répandu dans presque tous les parlers
gallo-romains du Nord, dû à une onomatopée qui rend un son brusque,
soudainement interrompu.
Le mot désigne spécifiquement, mais
toujours par allusion aux aboiements, un petit chien à oreilles droites issu du
croisement du petit danois et d’une espèce de dogue. Par la locution
comparative « comme un roquet qui
aboie » (1739), il se dit au figuré d’une personne hargneuse mais que
son insignifiance rend peu dangereuse (1752). Par extension du premier sens, il
s’applique à tout petit chien hargneux qui aboie beaucoup (1845).
Cette définition prête à discussion,
car le mot « roquet » devrait être associé à la fidélité, non pas à
la hargne, ni aux aboiements intempestifs. L’étymologie du mot se rattacherait
au chien de Saint-Roch traditionnellement représenté lui léchant son bubon de
peste et daterait du XIVe s.
Saint Roch (Montpellier, vers 1340 -
Voghera, 1379) (Sant Ròc en occitan) est honoré le 16 août. Il est le patron
des pèlerins et de nombreuses confréries ou corporations : chirurgiens,
dermatologues, apothicaires, paveurs de rues, fourreurs, pelletiers, fripiers,
cardeurs, et aussi le protecteur des animaux (SPA, refuges pour animaux). Son
culte, très populaire, s'est répandu dans le monde entier.
À sa majorité, il distribua tous ses
biens aux pauvres et partit en pèlerinage pour Rome.
Il s’arrêta en plusieurs villes
d'Italie atteintes par la peste (celle de 1.348, appelée peste noire ou
bubonique, tuait les malades en cinq jours : elle ravagea Paris dans les années
1.348-1.349, puis réapparut vers 1.361-1.362) et s’employa à servir les malades
dans les hôpitaux. Rome étant attaquée du même mal, il s'y rendit, et s'y
occupa de même pendant environ trois ans. À son retour, il s’arrêta à
Plaisance, également en proie à l'épidémie.
Roch finit par attraper lui-même la
maladie et il se retira dans une forêt près de Plaisance pour ne pas infecter
les autres. Seul un chien vint le nourrir en lui apportant chaque jour un pain
dérobé à la table de son maître. Ce dernier, intrigué par le manège de
l'animal, le suivit en forêt et découvrit le saint blessé, qu'il put ainsi secourir.
Saint Roch est généralement représenté avec son chien (Saint Roquet), dont il
est inséparable, d’où l’expression, pour parler de deux personnes inséparables
: « C'est saint Roch et son chien » ou bien « Qui aime saint Roch, aime
son chien » ; de deux personnes qui toujours se suivent : « Qui voit
saint Roch, voit bientôt son chien ».
De très nombreuses chapelles,
monuments, statues, … même une fontaine ont été érigés à la mémoire de ce saint
cynophore, que ce soit en France, en Belgique, au Québec, en Italie, au
Portugal. Saint Roch est le patron d’innombrables villes et villages, ainsi que
de nombreux corps de métier.
Toutou apparaît
au XVIIe siècle (1640), présent chez Cyrano de Bergerac et Scarron.
C’est un mot de formation enfantine dont la nature n’est pas expliquée.
Le mot désigne un chien,
spécialement un bon chien, dans l’usage enfantin ou le langage affectif. Il a
été employé (1776) pour désigner le favori de quelqu’un, pour parler d’une
personne trop docile (1778) et a donné lieu à la locution « peau de
toutou », qui correspond au mode ironique de « peau de vache ».
Viausse, (origine inconnue) un chien fou furieux et au figuré,
péjoratif, dans l'est de la France, enfant ou adolescent agaçant, malpoli,
malintentionné.
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